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14 décembre 2013

L'aventure du Lieutenant TRANCHERE (1)

Extrait de la correspondance reçue par Georges ARMELIN et communiqué par Alain, le récit des aventures du Lieutenant TRANCHERE après la bataille d'Écordal.

Cette lettre est écrite le 16 août 1915, près d'un an après ces combats.

Puteaux, le 16 Août 1915

Mon cher Ami,

Ce fut avec surprise et une grande joie que j'ai trouvé votre aimable lettre dans mon courrier. Je fus tout d'abord très heureux de vous savoir en bonne santé, et tout en déplorant votre mauvaise blessure à la main droite, j'ai appris avec plaisir que votre état général n'en avait pas souffert.

Pour répondre à vos désirs, laissez moi vous conter mon aventure.

Je la commencerai au moment où je vous ai perdu de vue. Je fus donc ce matin du 30 août 1914 fort ennuyé dans un petit coin. Je recevais des coups de fusil d'un peu partout, de face, de gauche et de derrière !! Bref, étant sans ordres, je restais avec ma section en position ; ce qui était d'ailleurs une solution comme une autre, puisque je faisais face à une direction d'où je recevais des coups. J'ai envoyé plusieurs hommes à votre recherche ; je ne sais s'ils vous ont trouvé ou s'ils ont été blessés dans l'accomplissement de leur mission, toujours est-il que je ne les ai jamais revus ?

Étant voisin de la compagnie du Capitaine BOMPARD, ce dernier put me faire signe de faire face à gauche et d’avancer. Mon mouvement s'est exécuté sans trop de casse, mais une fois couchés et notre tir à peine commencé, je dus subir de grosses pertes, si bien que le feu de lui-même s'arrête, faute de combattants. Je n'étais pas encore blessé à ce moment. N'ayant plus aucun homme, ou peut-être quelques unités, je voulus me joindre à la section sud, et en mettant mon plan à exécution, je recevais une balle qui me fracassait la cheville gauche.

Vous savez sans doute la suite mieux que moi. Nous sommes restés sur le terrain jusqu'au soir.

Peu de temps après la fusillade j'ai vu le Sous-Lieutenant DÉTRY avec sa section. Il est venu près de moi, a calmé ma soif plus qu'ardente, et ce fut tout. D'infirmiers et de brancardiers, pas vu un seul !

Au soir, nous fumes relevés par des paysans français qui nous transportèrent à la Mairie d'Ecordal. Là il y avait en tout une dizaine de blessés, parmi lesquels le Sous-Lieutenant ROBERT. Il avait 2 blessures : une à l’œil gauche et une autre à l'épaule. Il était alors fort malade et perdait la raison. Heureusement, son état s'est amélioré et quelques jours après il allait beaucoup mieux.

Les troupes allemandes ne sont arrivées à Écordal que très tard dans la nuit ! Ils ont naturellement fouillé la maison, mais ils nous ont laissé tranquilles. Le lendemain, un major allemand nous a tous pansés.

Au bout de cinq jours des femmes françaises sont passées à Écordal. Elles parcouraient les champs de bataille avec des voitures de fortune pour relever nos blessés. Leur dévouement fut admirable. Elles nous transportèrent donc à Flize où elles avaient installé une ambulance. Là, elles nous soignèrent aussi bien qu'elles le purent avec un aide-major français. [...]

A suivre

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