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Le blog du 347e RI
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1 septembre 2009

30 août 1914 : suite du compte rendu

Parmi les pièces exposées (et lues, voir le message précédent) il y avait la lettre d'une veuve : Mme VIET.
Cette lettre relatait les combats d'Écordal livrés le 30 août par le 347è RI. Cette relation était tenue du Lieutenant TRANCHERE de la 23è Cie.

En voici la transcription :

Année 1914 - Le Lieutenant TRANCHERE, récemment promu Capitaine sur le champ de bataille, adresse aux annales la lettre suivante :

C'était au combat d'Écordal, l'infanterie venait de tomber dans une embuscade de deux régiments saxons, arrivés en automobile.

La surprise avait été telle que deux compagnies, dont la mienne [la 23è], se trouvant terrées l'une derrière l'autre, sous une rangée de pommiers sans pouvoir se garantir du feu du front ou d'enfilades qui partaient des tranchées blindées, les balles sifflaient sans arrêt et la situation devenait intenable. Soudain le Commandant B. [BRACONNIER] arrive vers nous supporté par son cheval qui se cabre sous la mitraille.
" Vite les hommes. La compagnie M. [MEDINGER] est attaquée à la ferme " la Luloterie " il faut à tout prix la dégager. Voulez-vous de moi ? " demandé-je.

J'enlève ma section et je me porte en avant.

La chanson des balles continue de plus belle.

D'un bond nous voici dans un champ de féverolles puis dans un fossé plein d'eau. Il faut avancer coûte que coûte. Enfin nous arrivons à une ferme sans perdre trop d'hommes ; mais la surprise ! Les képis rouges tirent sur nous.

" En voilà assez, dit le Commandant B. il faut en avoir le coeur net. Des Français qui se trompent ou une ruse allemande. "
C'étaient les Boches qui s'étaient coiffés de képis rouges pour approcher de plus prêt

"Prenez avec vous quatre hommes, volontaires, et allez voir ce qui se passe. "

Arrivé à portée de voix je crie de toute ma force :

" Cessez le feu, vous faites erreur, nous sommes Français "

Je n'en dis pas davantage. Un feu de salve nous oblige à nous taire.
Une seconde fois je fis la même tentative :

" Ne tirez pas, Camarades, nous sommes Français ! "

Au même moment le feu redouble. Il n'y avait plus de doute, c'étaient bien les Allemands. Je donnais l'ordre de se replier sans arrêt, nous transportâmes un blessé dans un chemin creux près de la ferme d'Écordal.
C'étaient bien les Boches qui nous canardaient mais un bon feu à répétition arrêta la poursuite grâce à l'énergie et à la bravoure de nos soldats, et de notre 75 nous restâmes maîtres du village et de la ferme dont le sol jonché de cadavres attestait l'ardeur de la lutte.

C'est alors que l'on fait chaque année au 30 août cette cérémonie aux Normands, où est le monument du Capitaine KRUG.

krug  Ardennes_004

                                               30 août 2009 - 95è anniversaire des combats

C'est le hasard qui a mis cette lettre dans les mains de Gisèle, trouvée dans un livre de la bibli. Tu te souviens de cette bataille de la Luloterie où nous avons ramenés 27 blessés et soignés à la mairie et qui furent faits prisonniers 5 jours après.
C'est avant de partir que le Lieutenant TRANCHERE m'avait donné ses galons que j'ai encore : il devait venir les rechercher chez nous mais il a été très difficile à [illisible] car il a eu la jambe coupée deux fois. Il est de Bordeaux, c'est par M. LET.... que j'ai eu de ses nouvelles, je ne sais si tu te rappelles.

Veuve VIET Écordal Ardennes

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